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Mon Australie
26 novembre 2009

… ce qui favorise une plus grande cohésion ?

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Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour vous expliquer qu’il y a là une potentialité évidente de clash avec les Français dont la culture est au contraire portée à encourager le signe « plus » plutôt que le  signe « égal », la mise en avant distinctive plutôt que le retrait, l’individu plus que le groupe, la recherche de l’excellence plutôt que la moyenne ( voir les grandes écoles de notre système éducatif et – effet collatéral - notre système de castes lié aux diplômes )… On en revient à cette « arrogance » dont on nous taxe si souvent, et maintenant je comprends mieux pourquoi. Ce qui peut être perçu comme de la vantardise est ici très mal vu.

Au-delà de l’école, c’est toute la société australienne qui est portée par cette valeur de « l’inclusivité » avec son corollaire positif, la tolérance, et son corollaire négatif, la crainte de la singularité ou de la note jugée discordante: être inclusive, c’est toujours avoir le souci que chacun se sente inclus, intégré dans la communauté. Personne, du moment qu’il/elle respecte les règles du jeu, ne doit rester au bord de la route. Par contre, si vous ne respectez pas ces règles, gare à vous ! Tolérance zéro !

Conséquence de ce mode de fonctionnement : le rejet du conflit et la recherche permanente du consensus, ce qui donne des relations souvent plaisantes et faciles, voire attachantes. On n’aborde pas les sujets qui – à leurs yeux - peuvent fâcher ou blesser ( on appelle ces échanges dont sont évacués tous les risques de désaccord - politique, religion...- le small talk ), ce qui peut parfois nous laisser, nous Français, sur notre faim… On aimerait contester ( et être contesté ! ), argumenter, remettre en question, poser le problème autrement lors de nos rencontres avec des Australiens, on aimerait les entendre répartir, mais ça ne se fait pas avec la plupart : il y a une invisible frontière qu’on apprend vite à ne pas franchir, il faut l’accepter si on veut se sentir accepté. D’autant plus que j’ai globalement le sentiment que de toute façon, la plupart des gens ici ne se posent pas de questions ou plus exactement pas de la même façon que nous : c’est comme ça, c’est tout, alors j’apprends à lâcher prise et à ne voir que le bon côté qui est : be happy, take it easy

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J’y vois là un des effets collatéraux de la pédagogie du tick the box, évoquée plus haut : on n’apprend pas à mettre les choses en perspective, à concevoir des solutions, à voir les choses autrement, plus « largement » ou à plus long terme, voire à remettre en question un système. On répond à des questions souvent très concrètes, point. On fait son boulot, sa routine, point. Les routines, les process sont ici très prégnants, je ne perçois pas beaucoup de créativité mais cela semble logique avec ce que je viens de décrire.

D’où cette impression parfois au niveau collectif de politique à la petite semaine, de bricolage, d’amateurisme, quand il s’agit d’aborder des problèmes importants : l’environnement, le système de santé, le sexisme, l’éducation, l’aménagement du territoire… pour n’en citer que quelques-uns en vrac. Nous en France, on monte un groupe de réflexion et on vire facilement « usine à gaz », ici en Australie le problème est pris par le petit bout de la lorgnette et des actions sont vite menées…à très court terme, mais sans s’interroger sur le fond du problème.

Par contre, quand il s’agit d’organiser, là chapeau : ils sont très forts ( voir l’exemple de la Fiesta ) !

Bref, pour en revenir à l’école : celle-ci privilégie donc avant tout l’homogénéité des classes, le fait que les enfants doivent tous marcher au même rythme, quitte à ce que les meilleurs ralentissent ( et aident les autres, ce qui est super ). Et un système d’aide individualisée permet aux enfants en difficulté de rester dans la course…relative.

C’est peut-être différent dans certaines écoles privées de renom, mais n’y ont accès que ceux qui peuvent payer ( cher ), aussi je ne ferai pas de comparaison…

Photos: sur la plage de Bondi, le jour du Festival du Vent ( septembre 09 ), grand rassemblement annuel de passionnés du cerf volant...

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Commentaires
J
1/je ne sais pas si j'ai bonne vue, mais sur la plage de Bondi, était-ce le festival du vent, ou celui du farniente? Il me semble apercevoir tous ces particiapnts mollement allongés?<br /> 2/ Intéressant; le système de contrôle des connaissances "tick the box", pas très différent sur le fond du QCM, systématiquement utilisé au Japon par exemple, qui me parait aux antipodes de nos fondamentaux, et(allons-y) primitif, exotique et passablement stupide. Pourtant il permet de former des professionnels apparemment aussi compétents que les nôtres et des citoyens pas beaucoup plus incultes que nous (car, côté culture, c'est bien connu, les meilleurs, ce sont les français, n'est-ce pas?...).<br /> Des spécialistes des sciences cognitives pourraient ils analyser et commenter la formation par l'horrible-QCM?...<br /> 3/la prudence australienne dans l'expression a probablement des racines anglo-saxonnes. Dans mes rapports d'expertises, là où j'écrivais, en bon ingénieur français, "il est de la plus haute importance que...", j'ai appris à écrire "it may be of some interst to...". Nuance. <br /> Et par ailleurs j'ai compris au Japon qu'être sur la même longueur d'onde que son interlocuteur était finalement l'essentiel, plus que l'objet du discours.Voir comment deux japonais qui bavardent ne cessent d'opiner de la tête et de marmonner des borborygmes d'assentiments. La paix sociale, c'est si agréable.<br /> 3/ Les grands plans usines-à-gaz, les stratégies pour le millénaire, voilà qui est bien français, oui.Les autres font autrement,souvent à la petite semaine, ce n'est ni toujours si mal ni toujours si bien. C'est au fur et à mesure.<br /> J'aime cet exemple. Au Japon il y avait évidemment autour de Tokyo un problème de transport en commun. On décide donc de multilpier les RER. Pour cela il faut des lignes, on les construit pour beaucoup en aérien ,c'est la solution la plus directe au problème de l'espace. Du coup, trop de bruit dans les appartements? Double vitrages. On étouffe, car impossible d'ouvrir les fenêtres? Conditionnement d'air. Je ne sais pas où ils en sont maintenant, mais sûrement la solution du problème présent est-elle à l'étude, pas tellement au delà. C'est aussi une stratégie...
Mon Australie
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